L’intelligence artificielle (IA) s’impose aujourd’hui dans tous les secteurs, et le nôtre — celui de l’architecture — n’y échappe pas. Face à cette transformation technologique, une question revient souvent : jusqu’où devons-nous l’utiliser ? Chez nous, l’IA est bel et bien présente… mais à des endroits bien choisis.

Un outil tentant… mais à manier avec discernement

Il serait facile — et presque logique — de céder à la tentation d’utiliser l’IA pour générer nos rendus, nos visuels ou même nos concepts architecturaux. Les outils actuels peuvent produire des images saisissantes en quelques secondes, avec un réalisme impressionnant. Pourtant, nous choisissons de ne pas l’utiliser à cet endroit.

Pourquoi ? Parce que l’architecture est avant tout une discipline humaine, sensible, contextuelle. Chaque projet que nous dessinons porte une intention, une histoire, une personnalité. Une image générée par une machine peut séduire l’œil, mais elle ne pourra jamais transmettre la complexité d’un échange avec un client, l’émotion d’un lieu ou la patte unique que nous posons sur chaque bâtiment.

Utiliser l’IA pour les rendus, ce serait risquer de perdre cette authenticité qui fait la richesse de notre métier. Ce serait appauvrir notre démarche, la rendre plus générique, moins personnelle. Et cela, nous refusons de l’accepter.

Une aide précieuse pour les tâches non créatives

En revanche, nous ne fermons pas la porte à l’IA. Loin de là. Nous l’avons intégrée intelligemment dans notre pratique — là où elle apporte une réelle valeur ajoutée sans nuire à la qualité du projet.

Par exemple, nous l’utilisons pour la rédaction de comptes rendus de chantier, l’organisation de certaines tâches administratives, ou encore l’analyse de documents techniques. Ce sont des activités nécessaires mais chronophages, qui nous éloignent parfois de notre cœur de métier : concevoir, imaginer, créer.

Grâce à l’IA, ces tâches deviennent plus fluides, plus rapides. Nous gagnons du temps, que nous pouvons réinvestir dans le dialogue avec nos clients, la précision de nos plans ou la réflexion architecturale. En ce sens, l’IA est une alliée. Elle ne remplace pas notre travail, elle le soutient.

Un équilibre à trouver

L’arrivée de l’IA est un changement de paradigme. Elle bouleverse nos habitudes, nos repères. Mais plutôt que de la voir comme une menace, nous choisissons de l’accueillir comme une évolution. À condition, bien sûr, de rester vigilants. L’outil ne doit jamais prendre le pas sur l’intention. La technologie ne doit jamais effacer la main de l’humain.

En tant qu’architectes, nous avons la responsabilité de préserver la dimension sensible et culturelle de notre métier. Cela passe par des choix, parfois contre-courant, comme celui de ne pas confier nos rendus à une machine. Mais cela passe aussi par une capacité d’adaptation, par l’envie d’explorer de nouveaux outils, pourvu qu’ils enrichissent — et non appauvrissent — notre pratique.